mardi 28 octobre 2014

A TRAVERS LE MUR



Le fond bleuté des yeux des vagabonds
commence à geler. 
L’argent serre les mâchoires. 
Le monde est une plaque de plâtre qui se décolle d’un mur : 
ce qui apparaît dessous est d’une dureté de fer.

Ne resteront bientôt de tendres que les nuages, 
les fleurs et quelques visages de loup, 
de ces visages que la main manucurée de l’argent
 n’a pas encore nettoyé, 
qui garde la parure d’une sauvagerie divine.

 J’ai la faculté de voir à travers le mur de fer,
 nous allons par le pire
 à des choses très fleuries et très belles,
 accordées au secret de nos âmes.
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Christian Bobin
"Un assassin blanc comme neige"
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